PURPLE MOUNTAINS – Purple Mountains (2019)

 

De qui parle-t-on ? :

Groupe américain, fondé cette année, qui s’apparente au projet solo de l’ancien leader des mythiques Silver Jews, David Berman. Il est accompagné pour l’occasion de deux membres du combo new-yorkais Woods, Jeremy Earl et Jarvis Taveniere, du batteur Aaron Neveu et de la compositrice et chanteuse folk Anna St. Louis.

De quoi parle-t-on ? :

Le noisy-rock furieux des débuts des Silver Jews n’est évidemment plus d’actualité, c’est dans la douceur folk-pop que David Berman déverse aujourd’hui ses névroses.

Rythme :

-          Je me suis endormi dans mon fauteuil

-          Ne me perturbe pas quand je lis en même temps

-          Mes pieds se mettent à bouger

-          Je me lève et je fais la danse de l’épaule

-          Mes enfants sautent comme des cabris dans la pièce

La tristesse du propos n’engendre pas l’apathie musicale, l’on peut même battre la mesure sur une bonne partie de ces morceaux.

Accessibilité :

-          Après plusieurs écoutes je n’ai toujours pas saisi la mélodie

-          Plusieurs écoutes sont nécessaires avant d’apprécier la mélodie

-          Mélodie agréable mais sans aspérité

-          Les refrains entrent directement dans ma tête

-          Que des hits taillés pour les stades

Les harmonies folk-pop concoctées par David Berman sont d’une fluidité imparable.

Audience :

-          Musique que madame me demande de réécouter

-          Peut-être écouté en famille sans déranger madame

-          Madame s’en va quand je l’écoute

-          Tellement bizarre que je fais attention d’être seul pour l’écouter

-          Tellement bruyant que mes voisins ne me parlent plus

L’ensemble s’écoute facilement, mais le style très loin des tendances mainstream du moment aura du mal à accrocher le grand public.

Qualité audiophile :

-          J’ai l’impression que c’est mon voisin qui écoute l’album

-          Le format MP3 n’altérera pas trop l’écoute

-          S’écoute impérativement en format non compressé (CD ou autre)

Folk-pop lumineuse mais aux accords simplistes et limpides, la compression égratignera à peine ces mélodies.

Conclusion :

-          Je l’ai écouté une fois mais c’est une fois de trop

-          Après plusieurs écoutes j’ai du mal à m’y faire

-          Je l’écoute facilement mais sans émotion

-          J’ai beaucoup de plaisir à l’écouter (8)

-          Il tourne en boucle sur ma platine

A l’instar de l’un de ses anciens partenaires, Stephen Malkmus, lui aussi cinquantenaire et autrefois leader de l’un des monstres sacrés de l’indie-rock américain, Pavement, l’on aurait pu imaginer que David Berman avait enfin atteint une certaine forme de sagesse et trouvé une indispensable paix intérieure. Mais c’est un homme toujours tourmenté par ses vieux démons qui réapparaît aujourd’hui dans le projet Purple Mountains.

Dix ans après avoir enterré les ambiances rock lo-fi des divins Silver Jews, le virginien imprime sa mélancolie dépressive dans un écrin folk-pop pourtant assez loin de refléter cette morosité. Seuls les titres et les paroles de ces dix nouvelles chansons sont là pour nous rappeler à quel point David Berman vit aujourd’hui dans l’affliction. That’s Just The Way That I Feel, All My Happiness Is Gone, Darkness And Cold (j’en passe et des beaucoup plus « drôles »), sont menés à un rythme plutôt jovial. Le chant monocorde du crooneur de Williamsburg, sorte de pendant indie-pop du regretté Leonard Cohen, se charge de magnifier encore un peu plus cet ensemble gracile.

Espérons que l´excellence musicale rayonnante de ce premier exercice éponyme ne restera pas lettre morte. Prions pour que David Berman ne se laisse pas définitivement emporter par ses pensées autodestructrices et pour connaître le futur des brillants Purple Mountains.